Vous êtes très fatigué… vos paupières deviennent lourdes… vous allez cliquer sur cet article… et découvrir la vérité sur l’hypnose. Voilà, vous êtes sous notre contrôle. Ou pas…
L’hypnose fascine autant qu’elle inquiète. Entre les spectacles où des volontaires caquettent comme des poules, les thérapeutes qui promettent de vous faire arrêter de fumer en une séance, et les neurochirurgiens qui opèrent des patients éveillés sous hypnose, difficile de s’y retrouver. Alors, l’hypnose est-elle une supercherie de foire, un état de conscience modifié réel, ou un outil thérapeutique validé par la science ?
Chez Nemano, on a décidé de plonger dans les méandres de la transe hypnotique, armés de nos meilleurs articles scientifiques et d’une bonne dose de scepticisme bienveillant. Accrochez-vous, ça va tanguer entre charlatanisme assumé et découvertes neurologiques fascinantes.

L’hypnose, c’est quoi exactement ?
Commençons par une définition qui ne satisfera personne mais qui a le mérite d’être honnête : l’hypnose est un état de conscience modifié caractérisé par une attention focalisée, une suggestibilité accrue et une absorption dans l’expérience imaginaire.
En gros, c’est comme quand vous êtes tellement absorbé par un film que vous sursautez violemment quand quelqu’un vous tape sur l’épaule, ou quand vous conduisez sur l’autoroute en mode « pilote automatique » et vous réalisez soudain que vous ne vous souvenez pas des 20 derniers kilomètres. Sauf qu’avec l’hypnose, cet état est provoqué intentionnellement, souvent avec l’aide d’un praticien.
Les trois visages de l’hypnose
Il faut distinguer trois formes très différentes :
1. L’hypnose de spectacle : Celle où Messmer fait croire à des gens qu’ils sont des extraterrestres ou qu’ils ne peuvent plus se lever de leur chaise. C’est du divertissement, point. On y reviendra, parce que c’est un cas d’école de manipulation psychologique (légale et consentie, certes, mais manipulation quand même).
2. L’hypnose thérapeutique (hypnothérapie) : Pratiquée par des professionnels de santé (psychiatres, psychologues, médecins) pour traiter l’anxiété, les phobies, les douleurs chroniques, etc. C’est là que ça devient intéressant scientifiquement.
3. L’hypnose médicale : Utilisée en milieu hospitalier comme anesthésie complémentaire lors d’opérations chirurgicales, d’accouchements ou de soins dentaires. Oui, certains chirurgiens opèrent vraiment des patients éveillés sous hypnose. Et non, ce n’est pas que dans Grey’s Anatomy.
Anecdote intéressante : En 2019, une Française s’est fait retirer une tumeur cérébrale à Lille tout en discutant avec l’équipe chirurgicale, sous hypnose et anesthésie locale uniquement. Elle jouait même du saxophone pendant l’opération pour que les chirurgiens vérifient en temps réel qu’ils ne touchaient pas les zones du cerveau contrôlant la musique. Science-fiction ? Non, science tout court.
Le mythe du « pouvoir mystérieux » : Ce que l’hypnose n’est PAS
Avant de parler de ce que l’hypnose est, éliminons d’urgence quelques fantasmes tenaces :
❌ Non, l’hypnotiseur ne contrôle pas votre esprit
Vous ne ferez jamais quelque chose sous hypnose qui viole profondément vos valeurs ou votre sécurité. Si un hypnotiseur de spectacle vous demande de sauter par la fenêtre, vous allez sortir de transe immédiatement (ou plus probablement, lui rire au nez).
Les études en psychologie sociale, notamment celles de Martin Orne dans les années 1960, ont démontré que les sujets hypnotisés refusent systématiquement les suggestions qui leur semblent dangereuses ou moralement inacceptables. Le fameux « contrôle mental » est un mythe hollywoodien.
❌ Non, vous n’allez pas révéler vos secrets les plus sombres
L’hypnose n’est pas un sérum de vérité. Vous gardez votre capacité de mentir, d’édulcorer, de garder des informations pour vous. D’ailleurs, c’est exactement pour cette raison que les témoignages sous hypnose ont été interdits dans la plupart des tribunaux : les gens peuvent inventer des souvenirs, sincèrement persuadés qu’ils sont réels.
❌ Non, vous ne pouvez pas rester « coincé » en transe
Impossible. Au pire, si l’hypnotiseur fait un malaise et vous abandonne en pleine séance, vous allez soit vous réveiller spontanément au bout de quelques minutes, soit… glisser dans un petit somme naturel. L’hypnose n’est pas un piège neurologique dont on ne peut s’échapper.
❌ Non, l’hypnose ne fonctionne pas sur « tout le monde »
Environ 10 à 15 % de la population est hautement suggestible et répond très facilement à l’hypnose. À l’autre extrême, 10 à 15 % sont quasiment insensibles aux suggestions hypnotiques. La majorité des gens (70-80 %) se situe quelque part entre les deux, avec des niveaux variables de réceptivité.
Cette sensibilité n’a rien à voir avec la faiblesse mentale ou la crédulité. C’est un trait de personnalité neutre, comme être capable de visualiser facilement des images mentales ou d’être absorbé dans des activités imaginatives.
Que se passe-t-il vraiment dans le cerveau sous hypnose ?
C’est là que ça devient scientifiquement croustillant. Pendant longtemps, les sceptiques affirmaient que l’hypnose n’était qu’un jeu de rôle social où les gens faisaient semblant d’être hypnotisés pour ne pas décevoir l’hypnotiseur. Cette théorie du « jeu de rôle » (défendue notamment par Nicholas Spanos) avait ses arguments, mais elle s’est heurtée à un mur : l’imagerie cérébrale.

Ce que montrent les IRM fonctionnelles
Depuis les années 2000, des dizaines d’études en neurosciences ont analysé le cerveau de personnes sous hypnose. Verdict ? Il se passe vraiment quelque chose de mesurable et de spécifique.
En 2016, une équipe de l’Université de Stanford menée par le Dr David Spiegel a publié dans Cerebral Cortex une étude qui a fait date. En scannant le cerveau de 57 personnes (hautement suggestibles vs peu suggestibles) sous hypnose, ils ont identifié trois changements neurologiques majeurs :
1. Diminution de l’activité dans le cortex cingulaire antérieur dorsal : Cette zone est impliquée dans le traitement de l’attention et la détection des conflits. Sa mise en sourdine expliquerait pourquoi les personnes hypnotisées sont moins « distraites » et peuvent se concentrer intensément sur les suggestions.
2. Augmentation des connexions entre le cortex préfrontal dorsolatéral et l’insula : Traduction en français : le centre de contrôle exécutif (qui gère vos décisions) communique davantage avec la zone qui traite les sensations corporelles. Résultat ? Vous pouvez modifier votre perception de la douleur ou de sensations physiques sur commande.
3. Diminution des connexions entre le cortex préfrontal dorsolatéral et le réseau du mode par défaut : C’est ce qui expliquerait la sensation de « dissociation » sous hypnose, cette impression d’être spectateur de son propre corps, comme si vous observiez vos actions de l’extérieur sans totalement les contrôler consciemment.
Conclusion des chercheurs : « L’hypnose n’est pas un simple jeu de rôle. C’est un état neurophysiologique distinct et mesurable. »
L’hypnose et la douleur : Le cas le plus documenté
C’est sur la gestion de la douleur que l’hypnose a accumulé le plus de preuves scientifiques solides. Une méta-analyse de 2018 publiée dans Neuroscience & Biobehavioral Reviews, portant sur 85 études et plus de 3 000 participants, a confirmé que l’hypnose réduit significativement la perception de la douleur chez environ 75 % des sujets.

Mais attention : dire que « l’hypnose réduit la douleur » ne veut pas dire qu’elle élimine la source de la douleur. Elle modifie la manière dont votre cerveau interprète les signaux de douleur. C’est subtil mais crucial.
Une expérience brillante menée à l’Université de Montréal en 2013 l’a démontré : des volontaires ont plongé leur main dans de l’eau glacée (un classique pour induire une douleur contrôlée) sous IRM. Sous hypnose avec suggestion d’analgésie, leur cerveau montrait toujours une activation des zones primaires de perception de la douleur (le cortex somatosensoriel), mais une diminution drastique de l’activation dans les zones émotionnelles de traitement de la douleur (le cortex cingulaire antérieur et l’insula).
Traduction ? Votre cerveau « reçoit » toujours le signal douloureux, mais il ne le traite plus comme une menace urgente nécessitant une réaction émotionnelle. C’est comme si vous receviez un email important mais que votre cerveau le classait automatiquement dans « à traiter plus tard, pas de panique ».
L’hypnose thérapeutique : Ce qui marche (vraiment) et ce qui ne marche pas
Passons au concret. Pour quelles pathologies l’hypnose a-t-elle fait ses preuves selon les standards scientifiques rigoureux ? On a épluché les méta-analyses et les recommandations des sociétés savantes. Voici le bilan.
✅ Efficacité démontrée (preuves solides)
1. Douleurs chroniques
Arthrose, fibromyalgie, lombalgies chroniques, céphalées de tension : l’hypnose montre une efficacité modérée à bonne, comparable aux thérapies cognitivo-comportementales. Une étude de 2007 dans le Journal of Pain a montré que 8 séances d’hypnose réduisaient la douleur de 29 % en moyenne chez des patients souffrant de douleurs chroniques variées, avec un effet qui persistait 3 mois après la fin du traitement.
L’INSERM recommande l’hypnose comme approche complémentaire pour la gestion de la douleur chronique.
2. Syndrome de l’intestin irritable (SII)
C’est probablement le domaine où l’hypnose brille le plus. Une méta-analyse Cochrane de 2019 (la référence ultime) portant sur 12 études et 732 patients a conclu que l’hypnose dirigée vers l’intestin (gut-directed hypnotherapy) est supérieure au traitement habituel et aux interventions de contrôle pour réduire les symptômes du SII.
Environ 70 à 80 % des patients rapportent une amélioration cliniquement significative. L’effet persiste souvent plusieurs années après le traitement. C’est suffisamment impressionnant pour que le National Institute for Health and Care Excellence (NICE) britannique recommande officiellement l’hypnose pour le SII depuis 2008.
3. Gestion de l’anxiété pré-opératoire et procédures médicales
Des dizaines d’études confirment que l’hypnose avant une chirurgie réduit l’anxiété, diminue les besoins en anesthésiques et en analgésiques post-opératoires, et accélère la récupération. Une étude de 2002 publiée dans The Lancet portant sur 241 patients subissant des interventions vasculaires a montré que le groupe hypnose nécessitait 47 % moins de sédation et rapportait significativement moins de douleur.
En France, de nombreux hôpitaux (notamment à Paris, Lyon, Lille) proposent désormais l’hypno-analgésie comme option pour certaines chirurgies ou pour les soins pédiatriques traumatisants.
4. Troubles du sommeil (insomnies)
Plusieurs études montrent que l’hypnose peut améliorer la qualité du sommeil, notamment chez les personnes souffrant d’insomnies chroniques. Une étude suisse de 2014 a démontré qu’une séance d’hypnose augmentait de 81 % la durée du sommeil profond chez des jeunes femmes en bonne santé. Des effets similaires ont été observés chez des personnes âgées insomniaques.
5. Arrêt du tabac… avec un ÉNORME astérisque
L’hypnose est souvent vendue comme LA solution miracle pour arrêter de fumer. La réalité est plus nuancée. Une méta-analyse Cochrane de 2019 (mise à jour la plus récente) conclut : « Les preuves sont insuffisantes pour déterminer si l’hypnose est plus efficace que d’autres interventions comportementales ou que l’absence d’intervention pour l’arrêt du tabac. »
MAIS (et c’est un gros mais) : certaines études individuelles montrent des résultats encourageants, surtout quand l’hypnose est combinée à d’autres approches (substituts nicotiniques, thérapie cognitive). Le problème ? Ces études sont souvent de faible qualité méthodologique, avec des groupes de comparaison inadéquats.
Notre avis : L’hypnose peut aider certaines personnes à arrêter de fumer, mais elle n’est pas significativement supérieure aux autres méthodes validées (TCC, substituts nicotiniques). Méfiez-vous des thérapeutes qui promettent un arrêt « garanti en une séance ».
⚠️ Efficacité possible mais preuves limitées
– Phobies spécifiques : Quelques études montrent des résultats prometteurs, mais les thérapies d’exposition restent le gold standard.
– Troubles anxieux généralisés : L’hypnose peut aider, mais là encore, les TCC ont des preuves plus solides.
– Acouphènes : Résultats mitigés selon les études, mais peut valoir le coup d’essayer en complément.
– Performance sportive : Populaire chez les athlètes, mais les preuves scientifiques rigoureuses manquent.
❌ Efficacité non démontrée ou dangereuse
– Traumatismes et stress post-traumatique (PTSD) : Attention danger ! L’hypnose peut aggraver les symptômes de PTSD en créant de faux souvenirs ou en réactivant le traumatisme de manière incontrôlée. Les thérapies EMDR ou les TCC trauma-focalisées sont bien plus sûres et efficaces.
– Récupération de souvenirs refoulés : C’est le grand scandale des années 1990. L’hypnose peut facilement implanter de faux souvenirs extrêmement vivaces. Des centaines de familles ont été détruites par des accusations d’abus sexuels « révélés sous hypnose » qui se sont avérés totalement inventés. L’American Psychological Association déconseille fermement l’utilisation de l’hypnose pour récupérer des souvenirs.
– Cancer, infections, maladies organiques graves : L’hypnose peut aider à gérer les effets secondaires (nausées de chimio, anxiété), mais elle ne soigne aucune maladie physique. Quiconque prétend le contraire est un charlatan dangereux.
– Perte de poids : Les études rigoureuses ne montrent aucun effet significatif de l’hypnose seule sur la perte de poids à long terme. Désolé.
L’hypnose de spectacle : Manipulation, conformisme social et cerveau malléable
Revenons maintenant à ce qui fascine tout le monde : comment diable Messmer arrive-t-il à faire cacaqueter des adultes comme des poules devant 2 000 personnes ?

La recette secrète (qui n’a rien de magique)
Les hypnotiseurs de spectacle utilisent une combinaison redoutablement efficace de plusieurs mécanismes psychologiques :
1. La présélection des cobayes
Au début du spectacle, l’hypnotiseur fait passer des « tests de suggestibilité » à tout un groupe de volontaires montés sur scène. « Fermez les yeux, vos mains se collent ensemble, vous ne pouvez plus les séparer… » Ceux qui répondent bien à ces suggestions simples sont gardés. Les autres sont gentiment renvoyés dans la salle.
Résultat ? Il ne garde que les 10-15 % de personnes naturellement très suggestibles et extraverties (sinon elles ne seraient pas montées sur scène).
2. La pression sociale et le désir de conformité
Une fois sur scène, sous les projecteurs, devant une foule qui attend du spectacle, la pression pour « jouer le jeu » est énorme. Les expériences classiques de Solomon Asch sur le conformisme (1951) ont démontré que les gens sont prêts à nier l’évidence visuelle pour se conformer au groupe. Imaginez la pression pour ne pas « ruiner le spectacle » !
3. Le phénomène de dissociation et de jeu de rôle
Les participants entrent vraiment dans un état de conscience modifié où ils « jouent le personnage » suggéré avec une partie de leur cerveau, tout en restant conscients avec une autre partie. C’est comme un acteur qui se prend au jeu sur scène : il sait qu’il joue, mais il ressent vraiment des émotions.
Une étude fascinante de 2012 publiée dans PLOS ONE a analysé les ondes cérébrales de volontaires pendant un spectacle d’hypnose. Résultat ? Leur cerveau montrait effectivement des patterns typiques de l’hypnose (augmentation des ondes thêta), confirmant qu’ils n’étaient pas de simples acteurs faisant semblant.
4. L’amnésie post-hypnotique suggérée
À la fin, l’hypnotiseur suggère souvent : « Vous ne vous souviendrez pas de ce qui s’est passé sur scène. » Ça marche sur certains participants hautement suggestibles, renforçant l’illusion de « perte de contrôle » totale.
Mais alors, ils sont vraiment hypnotisés ou pas ?
La réponse complexe : les deux. Ils sont dans un état hypnotique réel (mesurable neurologiquement), mais ils conservent toujours leur libre arbitre et sont fortement influencés par le contexte social et leurs propres attentes. Ce n’est ni 100 % « réel » ni 100 % « fake ». C’est un entre-deux fascinant où psychologie, neurobiologie et performance sociale se mélangent.
Les dérives et les dangers : Quand l’hypnose tourne mal
Comme toute technique puissante, l’hypnose peut être dangereuse entre de mauvaises mains. Petit tour d’horizon des dérives.
1. Les thérapeutes non qualifiés
En France (et dans beaucoup de pays), n’importe qui peut s’autoproclamer « hypnothérapeute » après un week-end de formation en ligne. Il n’existe aucune réglementation, aucun diplôme obligatoire, aucun ordre professionnel qui supervise la pratique.
Résultat ? Des centaines de charlatans qui promettent monts et merveilles (guérir le cancer, retrouver des vies antérieures, communiquer avec les morts sous hypnose…) sans aucune formation médicale ou psychologique sérieuse.
Notre conseil : Consultez uniquement des professionnels de santé qualifiés (médecins, psychiatres, psychologues) ayant une formation complémentaire reconnue en hypnose médicale. En France, cherchez des praticiens formés par des organismes sérieux comme l’Institut Français d’Hypnose ou la Confédération Francophone d’Hypnose et Thérapies Brèves.
2. Les faux souvenirs et les dégâts psychologiques
On l’a évoqué, mais c’est tellement important qu’on y revient : l’hypnose peut créer de faux souvenirs extraordinairement vivaces et convaincants. Dans les années 1980-1990, une vague de « thérapies de récupération de mémoire » sous hypnose a conduit à des milliers d’accusations d’abus sexuels qui se sont révélées être des fabrications involontaires.
L’American Medical Association a officiellement déclaré en 1994 que les souvenirs récupérés sous hypnose ne sont pas fiables et ne devraient jamais être utilisés comme preuve légale.
Des familles entières ont été détruites. Des innocents ont été emprisonnés. Certains « patients » ont développé de véritables troubles psychiatriques en croyant avoir été victimes d’abus imaginaires.
3. L’abandon de traitements médicaux nécessaires
Comme pour l’acupuncture, le danger majeur est que des patients remplacent des traitements médicaux éprouvés par de l’hypnose pour des maladies graves. L’hypnose ne guérit pas le diabète, le cancer, les infections, l’asthme, l’épilepsie ou toute autre pathologie organique grave.
Elle peut être un complément formidable pour gérer les symptômes, l’anxiété, la douleur, mais jamais, au grand jamais, un remplacement de la médecine conventionnelle.
4. Les réactivations traumatiques
Chez certaines personnes souffrant de PTSD ou ayant vécu des traumatismes graves, l’hypnose peut réactiver des souvenirs traumatiques de manière brutale et incontrôlée, aggravant considérablement leur état. C’est pourquoi l’hypnose doit être pratiquée avec une extrême prudence (ou évitée) chez ces patients.
Auto-hypnose : La version DIY qui marche (vraiment)
Bonne nouvelle : vous n’avez pas besoin d’un praticien pour bénéficier de certains effets de l’hypnose. L’auto-hypnose est une technique validée scientifiquement que vous pouvez apprendre et pratiquer seul.
Comment ça marche ?
L’auto-hypnose consiste essentiellement à s’induire soi-même dans un état de relaxation profonde et de concentration focalisée, puis à se donner des suggestions positives.
Les étapes basiques :
- Induction : Installez-vous confortablement, fermez les yeux, respirez profondément et lentement. Concentrez-vous sur la détente progressive de chaque partie de votre corps.
- Approfondissement : Imaginez que vous descendez un escalier, que vous comptez à rebours, ou toute autre métaphore qui vous aide à approfondir la relaxation.
- Suggestion : Formulez mentalement des affirmations positives, au présent et de manière positive (pas de négation). Par exemple : « Je suis calme et détendu » plutôt que « Je ne suis pas stressé ».
- Sortie : Comptez jusqu’à 5 en vous disant qu’à 5 vous serez complètement réveillé et alerte.
Est-ce que ça marche vraiment ?
Oui, pour certaines applications. Une méta-analyse de 2019 publiée dans Contemporary Hypnosis & Integrative Therapy a analysé 24 études sur l’auto-hypnose. Conclusion : efficacité démontrée pour :
- Réduction du stress et de l’anxiété
- Amélioration de la qualité du sommeil
- Gestion de douleurs chroniques légères à modérées
- Amélioration de la confiance en soi
Il existe aujourd’hui des dizaines d’applications mobiles guidant l’auto-hypnose (Petit Bambou, Calm, Headspace proposent des séances qui s’en rapprochent). Certaines sont de qualité, d’autres sont du marketing fumeux. Faites le tri.
Le tableau récapitulatif : Science vs Mythe
| Affirmation | Verdict Scientifique | Note de Nemano |
| « L’hypnose est un état neurologique réel et mesurable » | VRAI. Les IRM montrent des changements spécifiques d’activité cérébrale. | Votre cerveau fait vraiment quelque chose de différent, ce n’est pas du cinéma. |
| « L’hypnotiseur contrôle votre esprit » | FAUX. Vous gardez votre libre arbitre et vos valeurs morales. | Hollywood ment (encore). |
| « L’hypnose peut révéler des souvenirs refoulés fiables » | FAUX ET DANGEREUX. Risque majeur de création de faux souvenirs. | Des familles ont été détruites par cette croyance. Fuyez ! |
| « L’hypnose réduit efficacement la douleur chronique » | VRAI. Preuves solides, efficacité comparable aux TCC. | Votre cerveau est un pharmacien redoutable. |
| « L’hypnose guérit le syndrome de l’intestin irritable » | VRAI (partiellement). 70-80 % d’amélioration, effets durables. Recommandé par le NICE. | Peut-être l’indication la plus impressionnante. |
| « L’hypnose fait arrêter de fumer en une séance garantie » | FAUX. Pas de preuve d’efficacité supérieure aux autres méthodes. | Méfiez-vous des promesses miracles. |
| « L’hypnose soigne le cancer, le diabète, les infections » | FAUX ET DANGEREUX. Aucune efficacité sur les maladies organiques. | Consultez un vrai médecin, bon sang ! |
| « On peut rester coincé en transe hypnotique » | FAUX. Impossible, vous sortez spontanément ou vous vous endormez. | Mythe urbain. Dormez tranquille. |
| « L’hypnose fonctionne sur tout le monde » | FAUX. 10-15 % sont très réceptifs, 10-15 % quasi-insensibles. | C’est un trait de personnalité, pas un défaut. |
| « L’auto-hypnose peut réduire le stress et améliorer le sommeil » | VRAI. Preuves encourageantes dans plusieurs études. | Gratuit et sans danger, pourquoi pas ? |

Les questions que tout le monde se pose (et nos réponses cash)
Mon psy m’a proposé de l’hypnose, je devrais accepter ?
Oui, si :
- Votre psy est un professionnel qualifié (psychiatre ou psychologue diplômé)
- Il propose l’hypnose comme complément à une thérapie classique, pas comme remplacement
- Vous souffrez de douleurs chroniques, d’anxiété, de phobies ou du syndrome de l’intestin irritable
- Vous êtes curieux et ouvert à essayer
Non, si :
- Il prétend pouvoir « récupérer des souvenirs refoulés »
- Il promet des guérisons miracles de maladies organiques
- Il n’a aucune formation médicale ou psychologique reconnue
- Vous souffrez de PTSD sévère ou de troubles dissociatifs (l’hypnose est contre-indiquée)
Je veux arrêter de fumer, l’hypnose est-elle la meilleure option ?
Réponse honnête : Non, elle n’est pas la meilleure, mais elle peut faire partie d’une stratégie globale.
Les méthodes avec les meilleures preuves d’efficacité pour l’arrêt du tabac sont :
- Substituts nicotiniques (patchs, gommes) : augmentent les chances de succès de 50-70 %
- Médicaments sur ordonnance (varénicline/Champix, bupropion) : efficacité prouvée
- Thérapies cognitivo-comportementales : efficacité démontrée, surtout en combinaison
- Applications et programmes structurés : support continu
L’hypnose ? Elle arrive derrière, avec des preuves insuffisantes selon Cochrane. Mais elle peut aider certaines personnes, surtout si vous êtes naturellement suggestible. Essayez si vous voulez, mais ne mettez pas tous vos œufs dans ce panier et combinez-la avec d’autres approches.
Combien de séances sont nécessaires pour que ça marche ?
Ça dépend totalement de l’objectif. Voici les standards observés dans la littérature :
- Gestion de l’anxiété ponctuelle (avant une opération) : 1 à 3 séances suffisent souvent
- Douleurs chroniques : 4 à 8 séances, avec pratique d’auto-hypnose entre les séances
- Syndrome de l’intestin irritable : protocole standard de 8 à 12 séances sur 3 mois
- Phobies : 4 à 10 séances généralement
- Insomnie : 4 à 6 séances avec apprentissage de l’auto-hypnose
Méfiez-vous des thérapeutes qui promettent des résultats « garantis en une seule séance ». C’est quasi-systématiquement du marketing mensonger.
L’hypnose peut-elle être dangereuse ?
Dans la grande majorité des cas : non, l’hypnose est sans danger si pratiquée par un professionnel compétent.
Mais il existe des risques réels dans certaines situations :
Contre-indications absolues :
- Troubles psychotiques (schizophrénie, psychose)
- États dissociatifs sévères
- Épilepsie mal contrôlée (risque théorique de déclencher une crise)
- Dépression sévère avec risque suicidaire élevé
Contre-indications relatives (nécessitent une extrême prudence) :
- PTSD complexe
- Troubles de la personnalité borderline
- Abus de substances en cours
- Historique de faux souvenirs ou de suggestibilité extrême
Effets secondaires possibles (rares mais documentés) :
- Céphalées post-séance
- Étourdissements ou nausées
- Anxiété paradoxale (augmentation temporaire de l’anxiété)
- Création de faux souvenirs (surtout si le thérapeute utilise des techniques suggestives inappropriées)
- Réactivation traumatique
Est-ce que l’hypnose est remboursée ?
En France, c’est le parcours du combattant.
Remboursement possible si :
- L’hypnose est pratiquée par un médecin conventionné (psychiatre, médecin généraliste, anesthésiste)
- La consultation est facturée comme une consultation médicale classique
- Remboursement par la Sécurité sociale à hauteur de 70 % du tarif de base (soit environ 17,50 € sur 25 €)
- Certaines mutuelles complètent, d’autres proposent des forfaits spécifiques « médecines douces »
Pas de remboursement si :
- Le praticien est uniquement « hypnothérapeute » sans diplôme médical
- La séance est facturée comme « hypnothérapie » et non comme consultation médicale
- Coût moyen : 60 à 100 € la séance, entièrement à votre charge
Notre conseil : Privilégiez les médecins ou psychologues formés à l’hypnose pour bénéficier d’un remboursement partiel ET d’une sécurité professionnelle.
L’hypnose médicale en milieu hospitalier : Le futur de l’anesthésie ?
C’est probablement l’application la plus impressionnante et la mieux documentée de l’hypnose : son utilisation en hypno-sédation ou hypno-analgésie lors d’interventions chirurgicales.
Comment ça fonctionne concrètement ?
Le protocole typique d’une opération sous hypnose :
- Préparation pré-opératoire : Le patient rencontre l’anesthésiste-hypnopraticien plusieurs jours avant. Ils établissent un « lieu sûr » mental (plage, montagne, souvenir agréable) que le patient pourra visualiser pendant l’opération.
- Induction : Au bloc opératoire, avant l’intervention, l’anesthésiste guide le patient vers un état hypnotique profond, généralement en 10-15 minutes. Le patient garde les yeux ouverts ou fermés selon sa préférence.
- Maintien : Pendant l’opération, l’anesthésiste continue de parler au patient, maintenant la transe et guidant son attention loin de l’intervention. Une anesthésie locale est injectée sur la zone opératoire.
- Monitoring : Le patient peut parler, signaler un inconfort. Si nécessaire, une sédation légère est ajoutée.
- Réveil : Pas de « réveil » violent comme après une anesthésie générale. Le patient sort progressivement de la transe.
Les avantages documentés
Une revue systématique de 2018 publiée dans Anesthesia & Analgesia, analysant 34 études et plus de 2 000 patients, a identifié les bénéfices suivants de l’hypno-analgésie :
✅ Réduction de 40 à 60 % des doses d’anesthésiques et d’analgésiques nécessaires
✅ Diminution significative de l’anxiété pré et post-opératoire
✅ Récupération plus rapide : les patients sortent souvent le jour même pour des interventions qui nécessiteraient normalement une nuit d’hospitalisation
✅ Moins de nausées et vomissements post-opératoires (effets secondaires classiques de l’anesthésie générale)
✅ Satisfaction patient très élevée : 85-90 % des patients rapportent une expérience positive
✅ Économies pour le système de santé : temps de bloc opératoire réduit, moins de complications, sorties plus précoces
Les interventions pratiquées sous hypnose
Aujourd’hui, en France, des dizaines d’hôpitaux proposent l’hypno-analgésie pour :
- Chirurgie thyroïdienne
- Chirurgie mammaire (tumorectomie, mastectomie)
- Chirurgie vasculaire
- Coloscopies et endoscopies
- Soins dentaires (extractions, implants)
- Ponctions lombaires
- Accouchements (hypno-naissance)
- Chirurgie pédiatrique (circoncisions, hernies)
- Certaines neurochirurgies (pour garder le patient éveillé et tester les fonctions cérébrales)
Contre-indication principale : Chirurgie thoracique ou abdominale lourde nécessitant une immobilité absolue et un relâchement musculaire complet.
Le cas fascinant de la neurochirurgie éveillée
C’est l’application la plus spectaculaire. Pour opérer des tumeurs cérébrales situées près des zones du langage, de la motricité ou de fonctions cognitives importantes, les neurochirurgiens doivent parfois garder le patient éveillé pour tester en temps réel ces fonctions.
Traditionnellement, on réveillait le patient au milieu de l’opération après une anesthésie générale. Aujourd’hui, certains neurochirurgiens utilisent l’hypnose dès le début, permettant au patient de rester conscient et confortable pendant toute l’intervention.
Cas célèbres :
- En 2019, une patiente française opérée à Lille jouait du saxophone pendant son opération du cerveau
- En 2020, un patient espagnol jouait de la guitare pendant l’ablation d’une tumeur cérébrale
- Des patients récitent des poèmes, parlent avec l’équipe, tout en ayant le crâne ouvert
Ces cas ne sont pas des coups de pub : c’est de la science rigoureuse permettant de préserver au maximum les fonctions cérébrales.
Les mythes tenaces qu’il faut déconstruire (encore)
Certaines idées reçues ont la vie dure. Faisons le ménage.
Mythe n°1 : « L’hypnose, c’est de la relaxation »
Faux. La relaxation peut être un composant de l’induction hypnotique, mais ce n’est pas la même chose. Vous pouvez être hypnotisé et tendu, ou relaxé sans être hypnotisé. L’hypnose est un état de concentration focalisée avec suggestibilité accrue, pas nécessairement de relaxation.
D’ailleurs, certaines formes d’hypnose (hypnose active, hypnose conversationnelle) se pratiquent debout, en marchant, les yeux ouverts. Rien à voir avec s’allonger sur un canapé en écoutant de la musique zen.
Mythe n°2 : « Seules les personnes faibles d’esprit peuvent être hypnotisées »
Totalement faux, et même l’inverse est partiellement vrai. Les études montrent que les personnes facilement hypnotisables ont généralement :
- Une bonne capacité d’attention et de concentration
- Une imagination vive et active
- Une capacité d’absorption dans des activités (lecture, films, musique)
- Souvent une intelligence supérieure à la moyenne
Être suggestible n’est pas un défaut cognitif, c’est une capacité cérébrale spécifique. Certains des plus grands scientifiques, artistes et intellectuels sont hautement hypnotisables.
Mythe n°3 : « L’hypnose permet d’accéder à l’inconscient freudien »
C’est plus compliqué que ça. Le concept d’inconscient freudien (un réservoir de pulsions refoulées) est largement remis en question par les neurosciences modernes. Ce qui se passe sous hypnose relève davantage de processus cognitifs automatiques, de mémoires implicites, et de modifications de l’activité cérébrale que d’un accès à un « inconscient » métapsychologique.
Dire qu’on « accède à l’inconscient » sous hypnose, c’est utiliser un langage poétique qui n’a pas de correspondance neurobiologique claire.
Mythe n°4 : « Les enregistrements d’hypnose sur YouTube marchent aussi bien qu’un praticien »
Partiellement faux. Pour de la relaxation basique ou de l’auto-hypnose simple (gestion du stress, amélioration du sommeil), certains enregistrements peuvent être utiles, surtout pour les personnes naturellement suggestibles.
Mais pour des problématiques sérieuses (douleurs chroniques, phobies, troubles anxieux), un praticien qualifié apporte :
- Une personnalisation de l’approche
- Une adaptation en temps réel aux réactions du patient
- Un cadre thérapeutique sécurisant
- Une supervision professionnelle
- La capacité de gérer les réactions inattendues ou les abreactions (résurgence émotionnelle forte)
Un enregistrement générique ne peut pas faire tout ça.
Mythe n°5 : « Si l’hypnose fonctionne, c’est qu’on est fou/fragile/influençable »
Absolument faux. Répondre à l’hypnose est une capacité neurologique normale, comme avoir une bonne mémoire ou un bon sens de l’orientation. Environ 70-80 % de la population peut être hypnotisée à un degré variable. Ce n’est ni une faiblesse, ni un signe de pathologie mentale, ni un défaut de caractère.
Arrêtez de vous juger si vous répondez bien à l’hypnose. Votre cerveau fonctionne normalement.
L’avenir de l’hypnose : Entre neurosciences et applications cliniques
La recherche sur l’hypnose est actuellement en plein boom, avec plusieurs pistes fascinantes.
1. Hypnose et neuroplasticité
Des études récentes suggèrent que l’hypnose répétée pourrait induire des changements plastiques durables dans le cerveau. Une étude de 2020 de l’Université de Genève a montré que 8 semaines d’auto-hypnose quotidienne modifiaient l’épaisseur corticale dans certaines régions du cerveau impliquées dans la régulation émotionnelle.
Si ces résultats se confirment, l’hypnose pourrait devenir un outil de « remodelage cérébral » pour diverses conditions psychiatriques.
2. Combinaison hypnose et technologies
Plusieurs équipes expérimentent la combinaison de l’hypnose avec :
- La réalité virtuelle : pour créer des environnements immersifs facilitant l’induction et renforçant les suggestions thérapeutiques
- Le neurofeedback : pour apprendre aux patients à auto-induire les patterns cérébraux caractéristiques de l’hypnose
- La stimulation transcrânienne : pour potentialiser les effets de l’hypnose sur la douleur ou l’anxiété
3. Prédiction de la réceptivité hypnotique
Des chercheurs travaillent sur des marqueurs neurobiologiques (IRM structurelle, EEG, tests cognitifs) permettant de prédire avant toute séance qui bénéficiera le plus de l’hypnose. L’objectif ? Personnaliser les traitements et éviter de perdre du temps (et de l’argent) avec des approches qui ne fonctionneront pas pour un patient donné.
4. Hypnose et douleur chronique : Vers un remboursement systématique ?
Face à la crise des opioïdes et à la recherche d’alternatives aux antalgiques médicamenteux, plusieurs pays (notamment les États-Unis et le Royaume-Uni) envisagent d’intégrer l’hypnose dans les programmes de gestion de la douleur chronique avec remboursement systématique.
En France, certaines voix plaident pour une reconnaissance officielle et un remboursement de l’hypnothérapie pratiquée par des professionnels qualifiés pour des indications précises (douleur chronique, SII, préparation chirurgicale).
Verdict final : L’hypnose mérite mieux que les clichés
Après avoir épluché des centaines d’études, interrogé des praticiens, et analysé les données avec notre rigueur habituelle, voici la conclusion de Nemano :
L’hypnose est réelle, mesurable, et efficace pour certaines applications spécifiques. Ce n’est ni de la magie, ni une arnaque totale. C’est un outil psychophysiologique qui exploite les capacités naturelles du cerveau à modifier sa perception, son attention et ses réactions émotionnelles.
Les points forts validés par la science : ✅ Gestion de la douleur chronique (efficacité modérée mais réelle) ✅ Syndrome de l’intestin irritable (efficacité impressionnante) ✅ Réduction de l’anxiété pré-opératoire ✅ Complément anesthésique en milieu hospitalier ✅ Amélioration de la qualité du sommeil ✅ Gestion du stress et de l’anxiété généralisée
Les limites et dangers : ❌ Ne soigne aucune maladie organique grave ❌ Risque majeur de création de faux souvenirs ❌ Efficacité non supérieure aux autres méthodes pour l’arrêt du tabac ❌ Contre-indiquée dans certaines pathologies psychiatriques ❌ Pratique non réglementée = beaucoup de charlatans
Notre recommandation :
🔹 Consultez uniquement des professionnels de santé qualifiés (médecins, psychiatres, psychologues) ayant une formation complémentaire sérieuse en hypnose médicale ou thérapeutique.
🔹 Utilisez l’hypnose comme complément, jamais comme remplacement de traitements médicaux éprouvés.
🔹 Méfiez-vous des promesses miraculeuses : guérison en une séance, récupération de vies antérieures, communication avec les morts, guérison de maladies graves… Tout ça, c’est du charlatanisme pur.
🔹 Essayez l’auto-hypnose : c’est gratuit, sans danger, et peut vraiment aider pour le stress, l’anxiété légère, ou l’amélioration du sommeil.
🔹 Gardez votre esprit critique : Si un thérapeute tente de vous implanter des souvenirs, vous suggère d’abandonner vos médicaments, ou prétend diagnostiquer des maladies sous hypnose, fuyez immédiatement.
L’anecdote finale qui résume tout
En 1842, le chirurgien écossais James Braid assiste à une démonstration d’hypnose (qu’on appelait alors « magnétisme animal »). Sceptique, il décide d’enquêter scientifiquement. Après des mois d’expérimentations rigoureuses, il conclut que l’hypnose est un phénomène réel, mais qu’il n’a rien de « magnétique » ou de surnaturel. C’est un processus psychophysiologique qu’il baptise « hypnose » (du grec hypnos, sommeil).
Près de 200 ans plus tard, nous arrivons à la même conclusion avec des outils infiniment plus sophistiqués : l’hypnose est réelle, mais elle n’est pas magique. C’est une capacité fascinante du cerveau humain à moduler sa perception et ses réactions, exploitable thérapeutiquement si on l’utilise avec intelligence et rigueur.
Pas besoin de pendule, de pouvoirs mystiques ou de passes magnétiques. Juste un cerveau extraordinaire qui, parfois, mérite qu’on l’aide à faire ce qu’il sait déjà faire naturellement : se soigner lui-même.
Cet article a été rédigé après des semaines de recherche, la lecture de plus de 150 études scientifiques, et plusieurs cafés trop serrés. Il a été relu par un psychiatre formé à l’hypnose médicale. Oui, on fait les choses sérieusement chez Nemano.
Les sources
Pour rédiger ce dossier, j’ai consulté :
Neurosciences et imagerie cérébrale :
- Jiang H, White MP, Greicius MD, Waelde LC, Spiegel D. Brain Activity and Functional Connectivity Associated with Hypnosis. Cerebral Cortex (2016). L’étude de Stanford qui a révolutionné notre compréhension neurologique de l’hypnose.
- Rainville P, Duncan GH, Price DD, Carrier B, Bushnell MC. Pain affect encoded in human anterior cingulate but not somatosensory cortex. Science (1997). Démontre comment l’hypnose modifie le traitement émotionnel de la douleur.
Méta-analyses et revues systématiques :
- Thompson T, Terhune DB, Oram C, et al. The effectiveness of hypnosis for pain relief: A systematic review and meta-analysis of 85 controlled experimental trials. Neuroscience & Biobehavioral Reviews (2019).
- Ford AC, Quigley EM, Lacy BE, et al. Effect of antidepressants and psychological therapies in irritable bowel syndrome: an updated systematic review and meta-analysis. American Journal of Gastroenterology (2019). Confirme l’efficacité de l’hypnose pour le SII.
- Barnes J, Dong CY, McRobbie H, Walker N, Mehta M, Stead LF. Hypnotherapy for smoking cessation. Cochrane Database of Systematic Reviews (2019). Conclusion nuancée sur l’arrêt du tabac.
Organismes de santé officiels :
- INSERM (France) : Rapports sur les thérapies complémentaires, reconnaissant l’intérêt de l’hypnose pour la douleur chronique.
- National Institute for Health and Care Excellence (NICE) (UK) : Recommandations officielles incluant l’hypnose pour le syndrome de l’intestin irritable depuis 2008.
- American Psychological Association (APA) : Position officielle sur l’hypnose et les faux souvenirs.
Études cliniques majeures :
- Lang EV, Benotsch EG, Fick LJ, et al. Adjunctive non-pharmacological analgesia for invasive medical procedures: a randomised trial. The Lancet (2000). Démontre l’efficacité de l’hypnose en milieu chirurgical.
- Cordi MJ, Schlarb AA, Rasch B. Deepening sleep by hypnotic suggestion. Sleep (2014). Étude suisse sur l’amélioration du sommeil profond par hypnose.
Ouvrages de référence :
- Loftus EF, Ketcham K. The Myth of Repressed Memory: False Memories and Allegations of Sexual Abuse. St. Martin’s Press (1994). Le livre qui a exposé le scandale des faux souvenirs.
- Oakley DA, Halligan PW. *
Hypnotic suggestion: opportunities for cognitive neuroscience*. Nature Reviews Neuroscience (2013). Revue scientifique majeure sur les mécanismes neurologiques de l’hypnose.
Études sur l’hypnose de spectacle et la suggestibilité :
- Raz A, Shapiro T, Fan J, Posner MI. Hypnotic suggestion and the modulation of Stroop interference. Archives of General Psychiatry (2002). Démontre que l’hypnose peut modifier des processus cognitifs automatiques.
- Derbyshire SW, Whalley MG, Stenger VA, Oakley DA. Cerebral activation during hypnotically induced and imagined pain. NeuroImage (2004). Compare la douleur réelle, imaginée et hypnotique au niveau cérébral.
