J’aime la philosophie et j’aime la vérité autant que la justice. Nous allons aujourd’hui rendre à Nietzsche ce qui est à Nietzsche.

Le nazisme et le IIIe Reich furent une période sombre de notre histoire, jusque-là j’espère ne rien vous apprendre, la doctrine alors mise en place par Hitler et ses conseillers visait à mettre l’Allemagne au centre du monde et à venger l’humiliante défaite de la Première Guerre mondiale.

Voici également une leçon à retenir, être digne et honorable lorsque l’on est victorieux et ne pas humilier son adversaire, car la vengeance est un poison puissant.

Nietzsche avait une sœur Elisabeth Förster-Nietzsche, aux antipodes de son frère intellectuellement parlant, c’est cette dernière qui fut ouvertement antisémite ainsi que son époux Bernhard Förster.

Nietzsche a TOUJOURS combattu l’antisémitisme, les faits et citations ne manquent pas :

« Ne fréquenter personne qui participe à cette fumisterie mensongère des races » Ecce Homo

« Les juifs sont sans aucun doute la race la plus forte, la plus pure qui vit actuellement en Europe. » Par-delà le bien et le mal.

« Je suis un antimilitariste polonais pur-sang et il suffirait de mettre un peu de sang polonais dans mes veines pour en finir avec l’esprit allemand. » Ecce Homo

Et les citations pourraient encore continuer.

Les faits également se passent de commentaire, Nietzsche a stoppé son amitié avec Wagner suite aux pensées antisémites de son ancien ami, idem pour Paul Rée.

Il démissionna de l’université allemande en quittant son poste à Bâle, suite à ses nombreuses oppositions aux professeurs de l’époque.

Il critiqua ouvertement Bismarck, il aimait revendiquer ses origines polonaises contre le national-socialisme allemand…

Mais alors pourquoi Nietzsche passe encore de nos jours pour un « penseur » du nazisme dans certains cercles, voire dans la culture populaire ?

Réponse, sa sœur et son beau-frère.

Le drame de Nietzsche, et le nôtre, commence une dizaine d’années avant sa mort qui eut lieu en 1900.

En 1889 il commença à perdre l’esprit et fut placé dans un centre psychiatrique sous la surveillance de sa sœur qui devint par extension la gestionnaire de son travail.

Proche de Hitler et de Mussolini elle se mit en tête de détourner le travail de son illustre frère pour servir ses propres idéaux.

Cela est surtout vrai avec l’ouvrage : « La volonté de puissance » constitué par sa sœur en utilisant les notes de son frère. Nietzsche avait commencé la rédaction de son livre et ne l’avait pas achevé.

Il avait pour habitude, comme beaucoup de personnes pratiquant l’écriture et la recherche, de prendre énormément de notes.

De ses propres réflexions bien sûr, mais il avait également pour habitude de noter des passages et citations de ses lectures.

Nous retrouvons ainsi dans « La volonté de puissance » pas moins de 26 auteurs que Nietzsche avait notés dans ses carnets.

Avec parfois de longs passages.

Parmi ces auteurs nous pouvons citer des philosophes antiques tels que :

-Héraclite

-Platon

-Aristote

-Épicure

-Les stoïciens

Mais aussi des philosophes modernes comme Spinoza, Schopenhauer, Descartes…

Des écrivains comme Goethe, Emerson ou Dostoïevski et même des scientifiques :

-Roger Boscovich (physicien)

-Wilhelm Roux (biologiste)

-Julius Robert von Mayer (physicien)

C’était la méthode de Nietzsche, il prenait énormément de notes de ses lectures afin de les critiquer, de s’en inspirer, les réfuter, y opposer ses propres idées ou les utiliser comme point de départ de ses propres réflexions.

Or dans « La volonté de puissance » ces différentes sources ont été mélangées sans distinctions claires et ont surtout été attribuées à Nietzsche par sa sœur.

Ne lisez et n’apportez aucun crédit aux ouvrages qui ne sont pas constitués directement par leurs auteurs…

Le concept de surhomme nietzschéen est également mal compris, le parallèle avec l’aryen défendu par le nazisme semble facile, ils sont pourtant aux antipodes l’un de l’autre.

Le surhomme de Nietzsche est celui qui comprend l’expression du déterminisme et le transcende, c’est celui qui dépasse la morale traditionnelle et crée ses propres valeurs, qui assume pleinement sa propre existence sans chercher de justification extérieure ou religieuse.

Nous reviendrons, bien entendu, sur ces concepts.

Alors que l’aryen du nazisme ne repose que sur de fausses vérités contrefaites basées sur une déformation des théories de l’évolution, une interprétation farfelue et erronée de l’histoire et de l’archéologie, une réinterprétation de la mythologie nordique et des pseudosciences parmi lesquelles la phrénologie. La phrénologie n’a pas été développée lors de la Seconde Guerre mondiale mais les nazis s’en sont bien sûr inspirés car cela pouvait justifier leur « classement » des individus en fonction de leurs origines ethniques. On pense bien sûr aux caricatures de la communauté juive.

La doctrine du Reich était simple, trouver des faits prouvant que leurs opinions d’une race pure et supérieure étaient justes et prouvées par les sciences. Nous le savons tous aujourd’hui, du moins ceux suffisamment éduqués pour comprendre l’évolution, il n’y a et il n’y aura pas de race supérieure à une autre, nos cerveaux sont les mêmes et nos corps également. Il n’existe pas de médecine par race.

C’est dans le but de défendre cette propagande que le surhomme de Nietzsche fut utilisé et transformé, bien loin de la pensée de son auteur qui par surhomme entendait un individu comprenant le fonctionnement de son esprit, capable de penser par lui-même, intégrant le déterminisme et le fruit de la culture et du culte.

Ne prenez aucune vérité pour acquise, recherchez, étudiez, posez-vous des questions et ne faites pas l’erreur de vouloir faire coïncider la vérité avec vos intuitions. Parfois les intuitions sont justes et validées par les recherches mais souvent il n’en est rien. Trop d’esprits pourtant brillants se sont perdus en ne pratiquant pas avec méthode et rationalité.

Dans l’époque qui est la nôtre où la liberté d’expression est mise en avant, et elle est importante, n’oubliez pas que l’on ne peut pas tout dire, il existe les faits, la science et la raison. C’est cela qui doit dicter votre opinion et par extension votre existence si vous ne voulez pas vous rendre compte, à la fin de votre vie, que vous vous êtes bercé d’illusions et avez arpenté un monde sans avoir pris le temps de le comprendre…