PLACEBO : UNE ILLUSION BIEN RÉELLE 


Nous allons aborder dans cet article un phénomène réel et scientifiquement prouvé qui produit des améliorations mesurables liées aux attentes du patient et dû au contexte thérapeutique. 

Homéopathie, Reiki, magnétiseur… Rien de cela n’a de preuve scientifique, bien au contraire. En revanche, et c’est pour certains un véritable paradoxe, cause de malentendus, l’effet placebo entre en action et le patient de ces thérapeutes (je rappelle qu’en France le titre de thérapeute n’est pas protégé, ainsi n’importe qui peut en faire l’usage…) se voit soulagé, voire « guéri » partiellement ou totalement de leur mal de dos, insomnie, problème de peau… Mais alors, comment cela est-il possible et surtout qu’est-ce qui opère ? 

L’EFFET PLACEBO 

Mécanismes conscients : 

  • Attentes positives : C’est ce mécanisme qui se met en place lorsqu’un patient croit fermement et avec conviction qu’un traitement va fonctionner. L’attente active alors des circuits et zones cérébrales spécifiques, par exemple ceux liés à la récompense, le fameux système dopaminergique (la dopamine). Cela se constate sur des individus souffrant de douleur qui peuvent alors ressentir un soulagement, simplement parce qu’ils s’attendent à ce que le traitement fonctionne. 
  • Contexte médical, professionnel : L’environnement, le lieu où le traitement est administré, par exemple un cabinet médical avec la présence de soignants en blouse blanche, contribue à renforcer l’efficacité d’un traitement utilisant l’effet placebo. 

Mécanismes inconscients : 

  • Conditionnement pavlovien : L’effet placebo s’apparente souvent à un réflexe conditionné. Prenons de nouveau l’exemple d’un patient qui reçoit de façon régulière un médicament « actif » (par actif on entend qu’il contient une molécule réellement curative) pour soulager la douleur. Son cerveau peut associer l’apparence de la pilule ou le rituel de la prise à une réduction de la douleur. Dans un second temps, même une pilule inerte (de sucre par exemple) peut provoquer cet effet, sans que le patient en soit conscient. 
  • Stimuli subliminaux : Il a été prouvé que des signaux subliminaux (des images ou des mots affichés trop rapidement dans un film ou une publicité, et donc pas perçus de façon consciente) peuvent déclencher des réponses placebo similaires à celles obtenues par des stimuli conscients. 
  • Le système limbique : L’effet placebo active également les zones cérébrales agissant sur le système limbique. Ce dernier est impliqué dans les émotions et les apprentissages inconscients. Ces zones sont automatiquement activées sans intervention consciente. L’inconscient, l’iceberg de notre être, est majoritairement ce qui agit pour l’effet placebo. C’est dans l’inconscient que rentrent en jeu les croyances, les émotions et expériences passées qui influencent nos réactions sans que, par définition, nous en ayons conscience. Une forme de déterminisme. 
  • Suggestion et transfert : La relation entre un soignant et son patient est au centre de l’effet placebo. Le ton rassurant du médecin ou sa conviction sur le traitement influencent souvent le patient. Le classique et souvent cité transfert (mécanisme psychologique où le patient projette ses attentes et émotions sur le soignant) renforce les effets positifs du traitement. Mais l’inconscient n’est pas seulement psychologique, il est aussi corporel. Lorsque des expériences répétées (prendre un médicament ou recevoir une injection) ont lieu, alors le corps « apprend » à réagir à certains stimuli. Voilà pourquoi les animaux ou les jeunes enfants, pourtant incapables de conceptualiser un traitement, sont quand même sujets à l’effet placebo… 

Conclusion 

Plus qu’une simple illusion, l’effet placebo nous révèle la puissance de notre esprit et l’expression du conscient mais aussi et surtout de l’inconscient sur notre corps. En activant des mécanismes automatiques comme le conditionnement ou la mémoire implicite, il explique comment nos croyances profondes et nos convictions peuvent influencer notre santé de manière significative mais avec certaines limites. Concrètement, ce mécanisme de l’effet placebo pourra s’appliquer dans les cas de gestion de la douleur, l’anxiété, la dépression mais aura un effet limité dans le temps. Il variera en fonction des croyances et attentes du patient et ne remplacera pas un traitement conventionnel, mais pourrait en être complémentaire. Comprendre ce phénomène qu’est l’effet placebo sous l’angle de l’inconscient nous permet non seulement d’approfondir notre compréhension du cerveau, mais aussi d’envisager des approches thérapeutiques innovantes qui exploitent pleinement cette interaction entre psychisme et physiologie. Voilà donc pourquoi et comment des pratiques et « thérapies » réfutées par la science donnent parfois des résultats sur des individus adhérant de façon consciente ou inconsciente à ces croyances. Dans un prochain article, nous aborderons l’effet inverse de l’effet placebo, l’effet nocebo. 

Sources : 

  • L’effet placebo : les travaux de F. Benedetti, implications pour la relation patient acteur de santé 
  • L’effet placebo – Cairn.info 
  • Mentir pour plaire : questions sur le phénomène placebo 


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *